Pourquoi créer ses peintures naturelles ?
Si vous aimez mettre les mains à la pâte — dans la terre autant que dans la couleur — vous êtes au bon endroit ! Fabriquer ses propres peintures naturelles n’est pas seulement une démarche écologique. C’est aussi une manière de se reconnecter aux matériaux bruts, de ralentir le rythme et d’insuffler un supplément d’âme à vos créations artistiques.
À l’atelier, que ce soit pour des fresques murales, des carnets illustrés ou même une touche de couleur sur un meuble de brocante, j’aime savoir d’où vient ce que j’utilise. Pas vous ? Les peintures industrielles regorgent souvent de composants chimiques peu reluisants. Or, la nature nous offre une palette de couleurs infinie… pour peu qu’on sache où regarder.
Ce qu’il vous faut pour commencer
Pas besoin de laboratoire ni de diplôme en chimie. Une cuisine et un peu de curiosité suffisent. Voici l’équipement de base pour vous lancer dans la fabrication de peintures végétales :
- Des pigments végétaux : épluchures, fleurs, racines ou feuilles. On vous guide juste après.
- Un liant naturel : gomme arabique, farine, blanc d’œuf ou colle de farine (selon usage).
- Un peu d’eau : pour diluer et ajuster la texture.
- Un tamis fin : pour éliminer les impuretés.
- Des petits pots en verre refermables : pour conserver vos trésors colorés.
Facultatif mais recommandé : un vieux pilon (ou un petit blender), des gants si vous travaillez avec des plantes qui tachent et… une bonne playlist !
Où trouver les bons pigments végétaux ?
La nature est un arc-en-ciel. Chaque saison offre sa propre gamme de couleurs :
- Rouge/rose : betterave, pelures d’oignons rouges, baies (mûres, cassis…).
- Jaune : curcuma, fleurs de pissenlit, souci, écorces de citron séchées.
- Vert : épinard, ortie, herbe fraîchement coupée.
- Bleu : chou rouge (avec un peu de vinaigre pour fixer le bleu), myrtilles.
- Brun/noir : café, noix, écorces, charbon végétal.
Ce petit tour de carte chromatique n’est qu’un point de départ. Le plus amusant est d’observer, d’expérimenter et de vous laisser surprendre par les mélanges.
Préparer ses pigments pas à pas
La méthode est presque la même, quelle que soit la plante utilisée : extraire la couleur, filtrer, puis ajouter un liant. Voici une recette de base testée et approuvée à l’atelier :
1. Extraction : Choisissez votre plante, découpez-la en petits morceaux et mettez-la à bouillir avec très peu d’eau (juste de quoi recouvrir) durant 20 à 30 minutes.
2. Filtrage : Filtrez le liquide à travers un linge propre ou un filtre à café. Vous obtenez votre pigment liquide.
3. Fixation : Certains végétaux s’altèrent avec le temps. Pour stabiliser les couleurs, vous pouvez ajouter quelques gouttes de vinaigre blanc ou de jus de citron.
4. Liant : Mélangez votre extrait coloré à une base : gomme arabique (pour l’aquarelle), colle de farine (pour les murs), blanc d’œuf battu (pour la tempéra)… Faites des essais à petite échelle pour trouver le bon dosage (en général une part de liant pour deux parts de pigment liquide).
5. Conservation : Versez votre peinture végétale dans un petit bocal stérilisé. Elle se conserve au frigo quelques jours si elle est à base d’eau, voire plus si elle contient des conservateurs naturels comme le vinaigre.
Trois recettes de peinture 100 % naturelles à tester chez vous
À la demande générale de mes amis artistes et amateurs de DIY, voici trois de mes recettes préférées :
Peinture rose à la betterave :
- 1 betterave cuite
- 100 ml d’eau
- 1 c. à café de vinaigre blanc
- 1 c. à soupe de gomme arabique en poudre
Mixez, filtrez, ajoutez le vinaigre et la gomme arabique, bien mélanger. Idéal pour faire de l’aquarelle ou décorer du papier recyclé.
Peinture murale terreuse au café :
- 2 c. à soupe de marc de café séché
- 100 ml d’eau bouillante
- 1 c. à soupe de farine
- 1 pincée de sel (conservateur naturel)
Laissez infuser le café, filtrez, puis ajoutez la farine et portez doucement à ébullition pour créer une colle. Ajoutez ensuite le pigment. Effet patiné garanti sur bois ou murs à la chaux !
Peinture verte à l’ortie :
- 1 poignée de feuilles d’orties fraîches
- 100 ml d’eau
- 1 c. à café de jus de citron
- 1 c. à soupe de blanc d’œuf (pour un effet tempéra)
Mixez les orties avec l’eau, filtrez, ajoutez quelques gouttes de jus de citron pour fixer la couleur. Intégrez le blanc d’œuf et mélangez soigneusement.
Un art éphémère… et vivant
Contrairement aux pigments minéraux, les couleurs végétales sont plus sensibles à la lumière et au temps. À l’atelier, je les utilise pour des projets éphémères, des carnets à offrir, des expérimentations créatives ou même des décorations de saison.
Et si l’idée de créer une fresque d’un jour vous inquiète : n’est-ce pas aussi là que réside la beauté de l’art naturel ? Chaque teinte disait déjà quelque chose de son été, de sa récolte, de ce qu’on avait sous la main ce jour-là. C’est une mémoire sensible, autant qu’une impression sur le papier.
Quelques astuces pour des résultats durables
- Testez toujours la tenue de vos couleurs sur un petit support avant de passer à l’œuvre finale.
- Conservez au frais et dans des contenants hermétiques (dans le réfrigérateur voire au congélateur si besoin).
- Utilisez des fixateurs naturels comme le vinaigre blanc, le sel ou le citron pour prolonger la durée de vie des peintures.
- Protégez la surface peinte avec un vernis naturel (à base de cire d’abeille ou d’huile de lin, selon le support).
Et maintenant ? Une invitation à la couleur
Préparer ses peintures végétales, c’est comme cuisiner un plat coloré : un acte de soin, un plaisir sensoriel et une exploration sans fin. C’est aussi une manière délicieuse de valoriser ce que la nature nous offre, sans gaspillage, et dans un vrai dialogue avec notre environnement.
Alors, pourquoi ne pas organiser une session peinture avec les enfants dans le jardin ? Ou bien expérimenter une fresque collaborative avec des amis ? Ou tout simplement vous offrir un moment de création solo, le matin, thé fumant à la main, face à une feuille blanche ?
Chacune de vos couleurs racontera une histoire. Et cette histoire, c’est vous qui l’écrivez… un pinceau, une fleur et un peu d’eau à la fois.
